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Les Marocains face à la cherté des médicaments.

Pharmacie Est-il un bon signe le fait que l’industrie pharmaceutique marocaine arrive à couvrir plus que 75% des besoins locaux ? En l’absence d’un engagement de l’Etat et une implication des entités opérant dans le secteur, le marocain recourt intensément aux âmes charitables, pour faire face à sa maladie qualifiée de grave.

Une malade atteinte de cancer témoigne qu’elle a besoin de 7000 dhs tous les vingt jours pour acheter des cachets qu’elle prend à raison de six par jour, sachant que la boite en contient 120, sans compter les injections et autres médicaments. Quand un médecin spécialiste lui a annoncé la nouvelle de sa maladie, elle est restée abasourdie, car la seule ressource dont elle dispose, c’est son petit salaire de femme de ménage dans une salle de mise en forme à Casablanca. Son cas n’est qu’un exemple parmi d’autres, oh ! combien nombreux au Maroc. En général, face à la maladie, ce sont surtout les personnes démunies qui sont les moins protégées en raison du coût des soins. Le malade livré à la souffrance.

Prenons le cas du cancer qui est un fléau non seulement au niveau national mais aussi mondial. Au Maroc, environ 60 000 personnes sont atteintes par le cancer chaque année. La situation est beaucoup plus dramatique quand le sujet atteint, est un enfant. Et si on parle du cancer de l’enfant, c’est parce qu’on y est très sensible, car personne ne supporte de voir un enfant livré à la souffrance, faute de moyens financiers et de réactivité de l’Etat. Les responsables du service hématologie et oncologie pédiatrique de l’hôpital du 20 Août, à Casablanca déclarent que le cancer frappe 1200 à 1300 enfants chaque année, le plus fréquent étant la leucémie. Mais seulement 700 sur 1300 cas sont diagnostiqués dans les deux principales unités hospitalières de Casablanca. Les 500 ou 600 restants, qui ne sont même pas diagnostiqués, succombent à leur maladie, ignorés de tous et dans une grande souffrance. Sachant que 30% seulement des cancers de l’enfant au Maroc sont pris en charge, comment peut-on concevoir que des parents écrasés rien que par le coût des déplacements, car la majorité des patients viennent de loin pour se rendre à Casablanca ou Rabat, payent d’entrée plus que 8300 dhs pour l’achat des médicaments, abstraction faite des services payants à l’hôpital. Pour avoir droit à un lit d’hôpital public il faut débourser 700 DH. Constat frappant au Maroc : Dans la mesure où l’accès au traitement est une question de vie ou de mort pour de nombreux malades atteints de maladies graves, le prix des médicaments jugés inaccessibles, est une véritable entrave. Face à un traitement long et des médicaments très coûteux, soit 50.000 DH par personne, une large crédibilité aux moyens de traitements traditionnels s’installe. D’après une étude réalisée auprès d’un échantillon constitué de 400 personnes, quelques 67% considèrent que le coût des médicaments est la raison principale qui pousse les malades à recourir à la médecine traditionnelle. Le traitement du cancer, dont le médicament engrange la part de lion, peut frôler 100.000 dirhams par trimestre. C’est-à-dire à quel point les malades, qui n’ont pas de moyens, se trouvent dans l’incapacité de recourir à un remède conforme et adéquat ? D’ailleurs, le taux d’abandon d’un traitement est estimé à 30% sur les dix dernières années. Après un rythme de production de 25 millions de DH à partir de 1985, celui-ci a atteint 100 millions en 1990 et 250 millions en 1995. De ce fait, le secteur pharmaceutique a réalisé une production de 192 millions d’unités, soit une augmentation d’environ 47% par rapport à l’année 1990. Il parait que les industriels se sont amplement engagés dans des programmes d’investissements, de telle sorte, que cette production a permis de couvrir, dans la régularité et la continuité, près de 75% des besoins locaux en médicaments. Aujourd’hui, l’industrie pharmaceutique marocaine se place au 2ème rang en Afrique. Chaque année, près de 300 millions de DH sont investis dans les laboratoires.

Ces résultats sont-ils satisfaisants pour que le marocain ait droit d’accès aux médicaments ? Bien que l’industrie pharmaceutique engendre une production nationale à hauteur de 80%, les coûts demeurent très élevés et le prix des médicaments inaccessible pour le marocain, vu son pouvoir d’achat, enregistrant une baisse continue dans le temps.

D’après une pharmacienne si le médicament est cher, bien qu’il soit produit au Maroc, c’est parce que le secteur est capitalistique. Pour investir dans le secteur il faut engager des fonds très importants, vu la haute technologie coûteuse consommée par le secteur. Ce facteur de production ne peut qu’impacter le prix du médicament. Sans doute la lourdeur financière du processus de production influence la détermination du prix des médicaments, mais ajoutons que la situation s’empire quand la prise en charge reste insuffisante. N’oublions pas que la cherté des médicaments revient dans une large mesure à la Taxe sur la Valeur ajoutée appliquée sans pitié aux médicaments nécessaires à la survie du malade.

Dans plusieurs pays, les médicaments pour maladies chroniques et graves sont exonérés de la TVA. Au Maroc, suivons-nous la même voie ? Surprenant ! Le malade est taxé sur sa maladie et cette taxe supportée par tous les malades, représente un montant de 11.000 à 25.000 Dirhams. Sachant que l’Etat marocain ne prend pas en charge l’intégralité du traitement des malades atteints du cancer, bien qu’elle soit considérée 2ème cause de mortalité, comment peut-on admettre que les malades affaiblis doivent en plus de leurs souffrance s’acquitter du quart des dépenses de santé au fisc collectif ? Selon des observateurs, le Maroc recule de dix ans sur le dossier de santé.

Sans intervention volontariste de l’État, via des mesures sérieuses, telle que la suppression totale ou partielle de la TVA et les impôts douaniers sur les intrants, une accélération du processus de l’AMO…, on ne peut qu’assister à un recul passant à une vitesse supérieure, à une dégradation de la santé des marocains et aussi à un accroissement du taux de mortalité chez les atteints de maladies graves, faute d’accès au soin.

Source: La Gazette du Maroc
Par: Fatima Zohra Jdily
le : 25/03/08

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