Le Salon de l'immobilier marocain, actuellement à Paris, s'adresse à la diaspora marocaine mais accueille aussi des Français en quête d'un coin de paradis pour la retraite. Et d'un bon placement.
Dans les allées, les panneaux promettent « toute la magie de la Méditerranée à partir de 64 000 € », des appartements « vue sur l'Espagne et la baie de Tanger ». Les résidences portent des noms ensoleillés. Dar Lama, Yasmina ou les Jardins de Benslimane. Il y a des ryads, les maisons traditionnelles, des villas, des appartements, des golfs et des hôtels, dans des complexes touristiques faramineux, aux bords des belles Essaouira, Agadir, ou Tanger.
« Pourquoi on est là ? Parce qu'on est vieux ! », répond Gilles, la soixantaine, qui fait partie des 30 % de Français à visiter le Salon. « Comme tout le monde, on est séduits par l'imagerie des ryads. On cherche un placement immobilier. »
« Et le soleil pour nos vieux jours, ajoute Chantal, une amie et collègue, même âge. Le pays est stable, les gens sont chaleureux. » « Plus occidentalisés qu'en Tunisie », précise Gilles. Chacun ses critères... Ils viennent de se pencher sur la maquette d'un complexe résidentiel de 214 ha en cours de construction à 9 km de Marrakech. Verdures et bassins d'eau à foison - ça intrigue -, 15 000 logements. Ils ont 150 000 à 200 000 € de budget. Ils trouveront.
La Côte d'Azur à moindre coût!
Au Maroc, les prix grimpent, ils s'envolent même, 8 et 10 % de plus chaque année. « À Marrakech et Agadir, ils ont même triplé entre 2002 et 2008 », dit Samir El Chammah, l'organisateur du Salon. Mais ils restent bien inférieurs aux prix européens. Ici, on annonce des appartements de standing dans le centre de Tanger ou d'Agadir à partir de 1 000 € le m2. « Pour un appartement grand luxe à Marrakech, dit un professionnel, on aura les mêmes prix qu'à Rennes ou Lille, 2 500 € le m2 ».
Ici, on répète même qu'« on peut être propriétaire au Maroc d'un 50 m2 pour 11 000 € ». « Mais c'est dans des quartiers populaires, où on ne se balade pas en short en maillots de bain... » ajuste Chérif, français d'origine marocaine, qui grince, sur les prix, comme beaucoup entre les stands du Salon... « La vue sur mer reste quand même moins chère que sur la Côte d'Azur », concède-t-il... sans compter les avantages fiscaux.
Jenny et Armand ne pensent qu'à ça. Ils ont prévu « de se barrer » de France pour cette unique raison. Retrouver, outre le soleil, « le pouvoir d'achat qu'on a perdu. Bref, une qualité de vie ». Sans état d'âme, ils passeront « six mois par an au Maroc pour bénéficier de l'exonération d'impôts de 80 % sur leur retraite » (1)... Et ça, même s'ils n'ont « jamais mis les pieds là-bas ».
Pas vraiment la même démarche que Denise et Jean-Christian, presque sexagénaires, qui projettent de s'installer « à temps complet », moins pour l'argent que par amour sincère de l'Afrique. « On n'a pas envie de faire nos vieux jours à Paris, ni à la campagne devant un feu de cheminée. ». Ils vendront leur appartement parisien (400 000 €) pour un ryad de 200 m2 à 300 000 €. Elle, qui a des origines algériennes, ira y retrouver, outre « la chaleur et des gens agréables, un peu de ses racines d'Afrique, quelques odeurs, quelques musiques ».
Source: Ouest-France
Par: Carine JANIN
Le: 10/05/08