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La Joutiya de Derb Ghallaf à Casablanca.

Derb Ghalef La Fondation CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), en collaboration avec le CESEM (Centre d’études sociales, économiques et managériales), a publié récemment une étude sociologique et économique sur la célèbre Jouteya de Derb Ghallef à Casablanca. Un travail mené par une équipe de chercheurs et d’enquêteur qui s’est attelée à recueillir les informations nécessaires pour comprendre le fonctionnement de ce chef-lieu de l’économie informelle au Maroc, comme l’explique ci-après Rabii Daris, géographe à la Faculté de Lettres d’Aïn Chock, dans une introduction à cette étude pilote.

Dans les villes du Maroc, l’observateur est souvent frappé par le nombre élevé de petits métiers localisés et d’activités de rue qui s’y développent.

L’économie informelle recouvre dans notre pays des réalités diverses : l’artisanat traditionnel, le commerce de rue, l’emploi non déclaré, la micro-entreprise, le travail à domicile, les prestations de services, les activités de transport, la contrebande ou le narcotrafic. Ces secteurs économiques incluent aussi le secteur financier informel.

La Jouteya de Derb Ghallef est l’un des lieux phares de ce type d’activités. D’après des études existantes, plusieurs facteurs expliquent ce phénomène : l’exode rural, l’urbanisation, le chômage, les difficultés rencontrées par l’État pour réguler l’activité économique, les politiques économiques mises en œuvre (Plan d’Ajustement Structurel), la montée de la pauvreté et la faiblesse du cadre réglementaire.

En interrogeant les occupants de Derb Ghallef, nous avons tenté de vérifier la validité de certaines de ces hypothèses et d’en émettre d’autres. Cette étude, sociologique et économique, se propose de comprendre les modes de fonctionnement des activités existant dans le quartier de Derb Ghallef, et précisément à la Jouteya. Son objectif, fournir des informations sur les modes d’organisation du marché dans son ensemble, mais aussi des métiers et de leurs acteurs, pris individuellement. Il s’agissait de recueillir les données concernant l’historique, les trajectoires et les conditions d’accès au local, l’environnement économique, le rapport avec la réglementation fiscale. Il était aussi question d’identifier les potentialités, les contraintes et le devenir des activités de Derb Ghallef. Et qui dit contraintes, dit craintes des sociétaires, par rapport à un délogement éventuel ou à une tentative de formalisation du marché. Il est donc nécessaire de distinguer la part du formel de celle de l’informel, à l’intérieur de cet espace.

L’étude s’est déroulée du 26 octobre au 6 décembre 2007. Elle a visé 23 personnes longuement interviewées. Le champ d’investigation concernait les activités localisées et visibles. Pour mieux comprendre le fonctionnement des métiers et saisir leur complexité, nous avons privilégié une démarche analytique qui prend en considération les aspects économiques et sociologiques. Leur fonctionnement dépendant, non seulement du marché, mais aussi de logiques non marchandes. Dans ce marché peu formalisé, les habitudes, les comportements et les perceptions comptent autant que le flux de marchandises et la propension à payer ou non ses impôts.

Les outils méthodologiques retenus pour la collecte des informations nécessaires à l’élaboration de cette étude s’appuient sur les étapes suivantes : une analyse documentaire ; - un relevé des activités existant sur le site et une enquête qualitative à partir d’entretiens semi-directifs et approfondis auprès des tenanciers d’activité. Un guide d’interview comportant différents axes a servi de support.

De par leur caractère dynamique, les entretiens mettent en évidence un certain nombre de phénomènes que l’approche quantitative ne peut pas toujours révéler.

Par ailleurs, une cartographie établie par un géographe a permis de localiser l’emplacement de la Jouteya de Derb Ghallef et d’asseoir spatialement les activités qui s’y exercent. Le choix de l’échantillon a dû respecter l’exigence essentielle de représentativité par rapport à la pondération par activité. Le panel retient par ailleurs trois types d’unités : les unités de production (rares), les unités de commerce et les unités de service.

Par essence, interviewer est délicat : la méfiance est classique, la présence au cours de l’entretien de tierces personnes pouvant introduire un biais peut être à gérer… Reste que la plupart des difficultés identifiées sont inhérentes au sujet de l’enquête "l’économie informelle". Un sujet faisant référence à des aspects que certains ne sont pas forcément prêts à évoquer : revenu, fiscalité, représentations sociales sont des thèmes sensibles particulièrement pour ceux recourant aux circuits informels d’approvisionnement et de vente.

Concernant les revenus, il est difficile pour les tenanciers de les estimer correctement pour plusieurs raisons : absence de tenue d’une comptabilité, confusion entre caisse de l’entreprise et celle de la famille dans certains cas, irrégularité des recettes ».

Source: L'opinion
Le: 05/04/08

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